jeudi, janvier 19, 2017

RÉACTION DU CRAN SUR LES DATES DE COMMÉMORATIONS DE L'HISTOIRE DE L'ESCLAVAGE, CONTRE LES DISCRIMINATIONS TERRITORIALES DU JOUR FÉRIE, ET POUR UN MOIS NATIONAL DE LA MÉMOIRE ET DE L'HISTOIRE DES PEUPLES NOIRS.


Pour ce qui est des commémorations liées à l'esclavage, la bataille des dates a été relancée. Un amendement a été introduit dans le projet de loi pour « l'égalité réelle », puis retiré. Les protestations se font entendre en tous sens. Certains affirment que seul le 10 mai peut être la date nationale, d'autres demandent que le 23 mai soit aussi reconnu en tant que tel.

Dans ce débat passionné, la position du CRAN est claire. Elle a été défendue par son président, lors d’une audition au Sénat en décembre 2016. Le CRAN estime que ces dates diverses ont leur légitimité, mais que cette querelle qui dure depuis très longtemps ne doit pas occulter l'enjeu essentiel : la réparation. Car « commémorer, c'est bien, réparer, c'est mieux », a déclaré Louis-Georges Tin.
Par ailleurs, si vraiment, on veut absolument parler de date, le CRAN estime que le véritable enjeu est moins de valoriser telle ou telle date, mais bien plutôt de faire que cette date, quelle qu'elle soit, soit un jour férié et chômé. Pour le coup, ce serait une véritable de réparation.

En effet, le vrai problème est là : tandis que les ultramarins bénéficient d'un jour férié en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à la Réunion et à Mayotte, ce qui est tout à fait légitime, dans l'hexagone, il n'y a rien de tel, ce qui constitue objectivement une discrimination territoriale. Dès lors, les personnes qui, dans l'hexagone, désirent célébrer la mémoire de leurs ancêtres, doivent prendre sur leurs congés, ou perdre une journée de salaire. « En d'autres termes, c'est une commémoration censitaire, et nous devons payer pour avoir le droit de célébrer la mémoire de nos ancêtres, ce qui est inacceptable », a déclaré Théo Lubin, vice-président du CRAN chargé de la mémoire.

C'est pourquoi le CRAN demande au gouvernement d'amender le projet de loi égalité réelle lors de son passage en seconde lecture à l'Assemblée nationale, et de prévoir un jour férié et chômé, quel qu'il soit, et qu’un mois pour la mémoire et l’histoire des peuples Noires soit institutionnalisé. Si cette demande n'est pas satisfaite, le CRAN se réserve le droit de porter devant le tribunal administratif une action de groupe contre cette discrimination territoriale dans l'accès à la mémoire.

« Etant à l'origine de la loi sur les actions de groupe qui, depuis novembre 2016, permet aux citoyens de porter plainte ensemble, nous sommes disposé à l'utiliser pour ce sujet de la plus haute importance, puisqu'il s'agit d'un crime contre l'humanité », a conclu Louis-Georges Tin.

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