lundi, avril 12, 2010

Sainte-Rose, la ville natale d'Alexandre Privat d'Anglemont

Par Bernard Vassor

"J'ai planté ma tente sur les bords de la Seine; je veux mourir au milieu de ce peuple français que j'aime tant"


Alexandre Privat d'Anglemont, né d'une famille de couleur, riche et considérée.
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Comme Sébastien Mercier, Privat
héritier de Pierre Gringoire et de François Villon
a écrit des livres avec ses jambes.
Alfred Delvau
J'ajouterai noctambule comme
Restif de la Bretonne


Chaque fois que j'entends le nom de Sainte-Rose qui est aujourd'hui dans l'actualité, je ne peux m'empêcher de penser à ce personnage oublié de l'histoire, même des Sainte-Rosiens.
J'avais il y a quelques années recherché sa sépulture au cimetière Montmartre où son corps avait été déposé lors de ses funérailles le 19 juillet 1859.Au cimetière, à la Conservation, nulle trace de notre historien des bas-fonds et des petits métiers de Paris, l'ami de Baudelaire, de Balzac, Dumas etc.. (article Privat s'embête) . Après beaucoup d'insistance, et grâce à la gentillesse d'une employée du cimetière, nous avons appris que le corps, après avoir été déposé, avait été repris par la famille de Privat, et transporté pour être inhumé à Sainte-Rose en Guadeloupe.
Voici ce qu'en dit son ami Alfred Delvau :
"Où est-il né ? De qui est-il né ?
Il est né dans le coin le plus poétique de la plus poétique des Antilles, il y a quarante ans de cela
"
Delvau pose la question sur ses origines, mais préfère ne pas y répondre.

Victor Cochinat, magnifique photo de Gustave Le Gray ....... Son ami Victor Cochinat,Guadeloupéen comme Pivat, a beaucoup moins de retenue, il précise : "Alexandre Privat d'Anglemont naquit à Sainte-Rose, village situé à la Guadeloupe, colonie française, vers l'an mil huit cent quinze, d'une famille de couleur riche et considérée."Ayant perdu son père et sa mère, il resta sous la tuelle de son frère aïné, qui gérait alors une sucrerie, laissée à Sainte-Rose par le chef de famille. Ce frère qui tenait lieu de père selon l'usage des familles aisées de l'île, l'envoya à Paris, afin que l'enfant reçut une éducation purement française. Alexandre fut placé au collège HenriIV, et, après l'achèvement de ses humanités, prit des inscriptions à l'Ecole de médecine. Mais la fréquentation des artistes et de la bohème, fit que la faculté ne le retint pas longtemps sur les bancs de l'amphithéâtre" Lancé dans le monde interlope des cabarets, des cénacles, des asiles de nuit quand il ne lui restait plus un sou quand il avait dépensé la pension mensuelle que son frère lui faisait parvenir. Il fréquentait tantôt Victor Hugo et la fine fleur des lettres françaises, puis le lendemain, les cabarets louches des halles fréquentés par des voleurs et des souteneurs. Obligé par son frère, il dût se rendre à Pointe-a-Pitre pour signer chez un notaire un compte de tutelle. Alexandre le signa, et rembarqua le lendemain à bord du "paket" à voile qui retournait en Angleterre. Il était resté en tout 23 heures à la Guadeloupe. Revenu à Paris il continua son existence où la pauvreté succédait à l'opulence. Il écrivait et donnnait des vers dans des journaux aussi différents que "Le Corsaire", "le Mousquetaire d'Alexandre Dumas", le "Paris" du marquis de Villedeuil en compagnie des frères Goncourt" à "La Revue de Paris", au "Figaro" et bien d'autres comme le grand journal "Le Siècle"! Il a succombé à la Maison de Santé Dubois, rue du faubourg Saint Denis des suites d'une "phtisie pulmonaire"le mercredi 18 juillet 1859. Une foule d'écrivains et d'artistes suivirent le cortège funèbre selon ses recommandations expresses, de la rue du faubourg Saint-Denis au cimetière Montmartre. Parmi ceux-ci, Henry Murger, qui lui aussi fit exactement le même parcours dans les même conditions, quelques temps plus tard.


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