dimanche, avril 04, 2010

Dix milliards pour Haïti ?



Les «pays donateurs» font des gorges chaudes d’une récente promesse de verser dix milliards à la République d’Haïti.

À première vue, les naïfs comme moi ne pourraient que se réjouir. Dès le lendemain des événements, j’estimais en effet que, pour déblayer les décombres et reloger le million de réfugiés, il faudrait à peu près cette somme : environ 30 000 dollars par famille. En ajoutant l’équivalent pour améliorer le fonctionnement des services publics, on arrive à peu près aux 21 milliards de dollars qui ont été versés à la France à partir de 1825 pour l’indemniser des esclaves perdus.

Mais pour se réjouir, je l’ai dit, il faut être naïf. D’abord parce qu’il ne s’agit que de promesses. On sait qu’elles n’engagent que ceux qui les reçoivent.

Si la moitié des sommes promises doit être versée dans les dix-huit prochains mois, pas de calendrier pour le reste. On parle des prochaines années. Cela peut être dans cent ans. En outre, rien n’est prévu pour reloger les sans-abri, hormis des tentes. Pour résumer : les réfugiés recevront peut être de quoi s’abriter de la pluie d’ici deux ans ! En outre les « pays donateurs », sans avoir rien versé, organisent déjà la tutelle de fait d’Haïti sous prétexte d‘exercer un contrôle sur les sommes promises.

Les États-Unis maintiennent plus de trois mille soldats pour occuper le pays outre une commission co-présidée par le président Bush, responsable du coup d’État de 2004. La France, quant à elle, n’a pas été très généreuse : deux ou trois cent millions de dollars promis, notamment pour reconstruire le palais national et numériser les archives.

Ah, les archives ! En 1804, déjà, les Français vaincus avaient voulu les embarquer. Christophe ne les y avait pas laissé faire. On se doute que dans ces archives, non triées et inexploitées pour la plupart, il y a la trace des exactions commises pendant la période coloniale et le début de génocide en 1802-1803. Quand on voit la réaction de prétendus historiens à mon livre Le crime de Napoléon, on peut craindre que ces archives soient justement « archivées » par un pays qui ne veut pas reconnaître la part de l’histoire qui le dérange.

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