dimanche, août 30, 2009

Fesman : Doit-on occulter la dimension Arabe de la culture noire ?


Dès sa première édition, le festival n’a été qu’une succession de nuits folkloriques où régnaient les tambourins. Et des pas de danse plus ou moins bizarres, voire diambiques. Ces grands du monde noir n’y ont jamais pris part. S’ils n’en ont pas été écartés ! Je pense à des sommités comme PELE, Cassius CLAY (MUHAMED ALY), RAY CHARLES, MARTIN LUTHER KING, MALCOM X, SIDNEY POITIERS, HARRY BELAFONTE, ALBERT LUTHILI, DESMOND TUTU, MANDELA, CAMARA LAYE, KWAME NKRUMAH, JULIUS NYERERE et même - tenez-vous bien - CHEIKH ANTA DIOP.

L’organisation n’a jamais tenu compte de la première critique du Prix Nobel de Littérature Wole SOYINKA. Expression simple, mais combien profonde : «Le tigre ne crie pas sa tigritude, il griffe». En d’autres termes, il ne faut pas se contenter de paroles superficielles (même bien distillées). C’est d’action en profondeur que nous avons besoin. Ayant été aux côtés du Chef de l’Etat, Me Abdoulaye WADE, au siège des Nations Unies à New YORK pour le lancement du FESMAN, je me demande aujourd’hui si l’objectif était de faire adhérer la diaspora vivant aux Amériques. Si tel est l’objectif, le résultat sera nul. Car rien n’est fait à cet effet. En outre, si l’objectif était de conscientiser le continent, la chose parait, aujourd’hui, bien sénégalo-sénégalaise.
Pour en venir à la dimension arabe de la chose africaine, il y a lieu de rappeler que le Yémen (berceau des Arabes), le sud de l’Arabie et l’actuel sultanat d’Oman ont presque toujours fait partie de l’Abyssinie. D’ailleurs, c’est du Yémen que régnait la Reine de SABA. C’est le lieu où fut érigé le premier barrage permettant la rétention des eaux de la rivière Aarym, pour les cultures de contre-saison. Sur les vestiges de ce barrage, l’on trouve des inscriptions en Ghez, langue d’Abyssinie, probablement ancêtre des langues sémites que sont l’Arabe, l’Hébreu et même l’Araméen parlé par JESUS. Cette langue africaine était écrite avec des idéogrammes, dont l’alphabet a fortement inspiré les écritures arabes, grecques et même latines.
La Mecque, en tant que centre spirituel, a vu les prêtresses éthiopiennes dominer ce sanctuaire durant les périodes qui ont précédé l’ISLAM. La montagne qui jouxte la KA’ABA s’appelle le Mont des Abyssins. La KA’ABA, elle-même, doit être toujours habillée d’une étoffe noire. Couleur sacrée. La pierre angulaire du sanctuaire s’appelle Pierre Noire ou Pierre du Noir. Nous savons que la littérature arabe antéislamique était dominée par les sept plus grands poètes arabes de tous les temps. L’un des plus célèbres parmi eux, le prince noir Antar, chantait déjà sa couleur dont il était fier :
« Par ma couleur, comme la nuit, à mes ennemis, je fais peur. Par mon immensité, je les absorbe. Et, ainsi, en moi, je sens leur torpeur». D’ailleurs l’Arabe est la seule langue où le mot Noir et Seigneur découlent de la même racine linguistique : saada, yaa suudu ; si yaadatan (seigneurie) sa waadan (noirceur)

Le premier khalifat noir

Combien savent qu’au IXème siècle, un khalifat noir fut fondé autour de l’actuelle ville de Bassorah ? Qu’il s’étendait jusqu’à l’actuel royaume de Bahreïn et jusqu’à la région iranienne du Khûzistân? Le Roi ALI, surnommé Shirzanj -le Lion Noir- y avait bâti monnaie et organisé une armée régulière qui avait résisté à trois khalifes Abbassides de Bagdad. L’un après l’autre, ils finirent par reconnaître, de facto, sa souveraineté sur cette zone. Durant une période qui s’étala sur 20 ans. Le Roi ALI avait même renversé la pyramide généalogique.

Au point que seul un Noir pouvait être Chérif et se réclamer du PROPHETE (L’Homme au Turban et à l’Etendard noirs). L’influence de ce khalifat traversa la Mer Caspienne, pour voir ses plénipotentiaires atteindre la cour de Russie. Un FESMAN où des pans de la géographie, de la religion, de la culture sont occultés, est-il celui que nous devons célébrer ? Une influence qui a fait que le PROPHETE de l’ISLAM ait choisi la couleur noire pour son étendard et son turban, pour se distinguer (Lui et Sa Descendance) des autres, ne doit pas être occultée. A moins qu’il ne s’agisse de profiter d’une occasion pour faire la promotion d’un certain paganisme, auquel l’on aura voulu donner une couleur obscure.

Ahmed Khalifa Niasse
Président du Présidium du F.

5/06/09

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